Thursday 26 May 2011

* Rien ne peut se faire de solide sans l’adhésion des professeurs


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Formation des enseignants : l'exemple finlandais 

Paul Robert est principal de collège, il est l’auteur de La Finlande : un modèle éducatif pour la France ? Les secrets de la réussite

Depuis le début des années 2000, les évaluations internationales Pisa ont propulsé l’école finlandaise sur le devant de la scène internationale. Les jeunes Finlandais de 15 ans obtiennent en effet les premières places des pays de l’OCDE, tant en compréhension de l’écrit, qu’en mathématiques et en sciences, les trois domaines évalués tous les trois ans par Pisa.

Ces enquêtes montrent également que la Finlande est l’un des pays où les écarts de performance entre élèves sont le plus faibles et où l’impact des conditions socioéconomiques sur leurs résultats scolaires est également plus réduit qu’ailleurs. 

Une formation de haut niveau

Comment le système finlandais est-il parvenu à de tels résultats ? Au début des années 1970, une réforme éducative d’envergure fut entreprise, avec l’ambition de faire entrer la Finlande de plain-pied dans la modernité. L’objectif était de donner à tous les élèves de 7 à 16 ans l’opportunité de suivre un même cursus obligatoire. Le défi n’était pas mince dans un pays qui connaissait de fortes disparités de développement entre les régions et où une sélection précoce avait été jusqu’alors la règle. Pour réussir ce pari, il apparut évident aux réformateurs que rien ne pourrait se faire de solide sans l’adhésion des professeurs et sans leur participation active. De fait, ils furent étroitement associés à toutes les phases de la réforme. L’autre clé de la réussite était l’élévation du niveau de qualification de tous les professeurs. Pour mettre en œuvre cette réforme capitale, il se révéla flagrant qu’il faudrait faire un effort massif en faveur de la formation des enseignants, avec un double objectif : rapprocher la culture professionnelle des enseignants du primaire et du secondaire et élever le niveau général de formation des deux corporations. 

Le diplôme universitaire exigé pour tous les enseignants (du primaire et du secondaire) fut, dès la fin des années 1970, le master. La pédagogie, la connaissance de la psychologie de l’enfant et des théories de l’apprentissage gardent aujourd’hui une place prépondérante dans les masters d’enseignement des « professeurs de classe » (professeurs d’école en France), le reste de leur cursus étant consacré aux différentes matières qu’ils auront à enseigner. Il faut noter que les étudiants peuvent choisir d’approfondir telle ou telle de ces matières afin d’être en mesure de les enseigner aux derniers niveaux de l’école fondamentale au même titre que des professeurs du secondaire. Par ailleurs, dès leur première année de formation, les étudiants qui se destinent à devenir professeur d’école doivent accomplir des périodes de stage en passant graduellement, sous la supervision d’un enseignant chevronné, de l’observation à la pratique accompagnée. Ces stages sont toujours mis en relation avec un apport théorique, ce qui habitue les futurs enseignants à avoir sur leur pratique un regard critique et une attitude réflexive. Ce lien étroit et précoce entre théorie et pratique est facilité par la présence d’écoles d’application sur chaque campus des facultés d’éducation. Les études des futurs professeurs d’école finlandais sont validées par la rédaction d’un mémoire professionnel qui leur ouvre les portes des études doctorales. De fait, les professeurs d’école sont de plus en plus nombreux à se lancer dans un troisième cycle d’études universitaires où ils choisissent généralement des sujets de recherche en relation avec les sciences de l’éducation. 

Une profession attractive

Grâce à la solide formation professionnelle qu’ils ont reçue, les professeurs sont considérés comme des experts auxquels on peut faire totalement confiance. Bénéficiant de cette aura très positive, la profession est très attractive, bien plus que d’autres pourtant plus rémunératrices. Il n’est pas étonnant, dans ces conditions, que les candidats au métier de professeur soient particulièrement nombreux à se bousculer aux portes des facultés d’éducation : le taux d’attractivité de cette formation est de six pour un et atteint quinze pour un pour les professeurs d’école. La sélection se fait non pas à la sortie, comme chez nous, mais à l’entrée. 

Les candidats doivent présenter un dossier d’admission comportant une lettre de motivation et un CV. Une expérience d’au moins un an comme assistant d’éducation (qui a en Finlande un rôle de soutien pédagogique et non pas de surveillance) est très appréciée. Ce que l’on cherche avant tout à évaluer chez les candidats, plus qu’une compétence académique, c’est l’intérêt réel pour les enfants. Après la première sélection sur dossier, les candidats retenus doivent subir un entretien devant un jury. Certaines facultés organisent des tests de groupe au cours desquels plusieurs candidats doivent débattre sur une question ayant trait à l’éducation. L’attitude des candidats, notamment leur capacité à écouter mais aussi à se faire écouter, et la manière dont ils s’insèrent dans le groupe comptent tout autant que les idées qu’ils défendent. Ceux qui passent avec succès le cap de cette ultime sélection intègrent la formation de professeur d’école qui se déroule exclusivement au sein de la faculté d’éducation, contrairement aux professeurs du secondaire qui eux suivent généralement une formation disciplinaire avant de compléter leur cursus par au moins une année de formation pédagogique dans une faculté d’éducation. 

Un recrutement local

Une fois leur master d’enseignement en poche, les professeurs doivent rechercher un poste dans une école. Il n’y a, en effet, pas de concours de recrutement garantissant un emploi à vie. Les titulaires du master doivent faire acte de candidature et ce sont les écoles qui les recrutent directement, généralement d’abord avec un contrat à durée déterminée. L’entretien d’embauche se passe devant une commission dont la composition peut varier, mais qui est toujours présidée par le chef d’établissement. À ses côtés peuvent siéger des enseignants expérimentés, mais aussi des parents d’élèves et parfois un représentant de l’autorité locale. Le candidat est interrogé sur son parcours et sur ses motivations. Le projet d’établissement et le fonctionnement de l’école lui sont également présentés au cours de cet entretien. 

Ce dernier point n’est pas sans importance dans un contexte où chaque école jouit d’une très grande autonomie et peut donc avoir un profil, une organisation et un fonctionnement particuliers. Au bout d’un ou deux ans, si le professeur donne satisfaction, son contrat est pérennisé et il acquiert dès lors un statut de fonctionnaire territorial dépendant de la municipalité de rattachement de l’école. Son supérieur hiérarchique direct est le chef d’établissement. Notons à ce propos qu’il n’y a pas de différence de statut administratif entre les écoles élémentaires et les écoles secondaires. Dans bien des cas, d’ailleurs, les deux niveaux sont regroupés dans une même entité administrative et de plus en plus souvent dans les mêmes locaux, à l’image de cette « école du socle » que certains voudraient voir se réaliser en France. Les effectifs par classe varient selon les écoles. Vingt-cinq élèves par classe est considéré comme une norme acceptable, mais les municipalités, qui gèrent leur budget d’éducation sans aucune contrainte, décident elles-mêmes des seuils pour le calcul des dotations aux établissements. Dans les faits, les classes comptent rarement plus de vingt élèves, mais avec la crise qui a touché la Finlande comme les autres pays développés, la tendance est plutôt à l’augmentation des effectifs, ce qui ne va pas sans inquiéter les professeurs. Par ailleurs les salles de classes sont vastes, spacieuses et généralement très bien équipées avec tout le matériel pédagogique dernier cri. Les enseignants bénéficient également de lieux de repos accueillants et confortables et bien souvent d’espaces personnels de travail adéquats. 

Mais le plus frappant est la grande liberté pédagogique qui est accordée aux professeurs. Du fait du niveau de leur formation professionnelle, il paraît évident qu’ils sont les mieux placés pour trouver les moyens pour guider leurs élèves sur les chemins du savoir. Il ne viendrait, par exemple, à l’idée d’aucun ministre d’édicter des normes concernant les méthodes de lecture. L’idée même que cela puisse être possible sous d’autres latitudes suscite une curiosité un peu sceptique. 

Ce sont aussi les écoles qui décident de l’aide à apporter aux élèves à besoins particuliers. On constate d’ailleurs que les solutions mises en œuvre peuvent varier considérablement d’une école à l’autre. 

Une culture collaborative

Au sein de sa classe, l’enseignant développe les méthodes qui lui conviennent. Aucune inspection ne viendra vérifier la conformité à une norme nationale, le corps des inspecteurs ayant été supprimé il y a une vingtaine d’années. La confiance qui est accordée aux professeurs fait que les relations de travail au sein de l’école sont collaboratives et participatives. Chaque école forme de ce fait une véritable communauté éducative qui, tout en gardant toujours un regard sur les grands objectifs nationaux, a toute latitude pour les traduire en objectifs opérationnels adaptés au contexte local. Les programmes ne sont en effet définis que dans leurs grandes lignes par le Conseil national de l’éducation. Il revient à chaque école de rédiger les programmes locaux qui fixent les progressions précises dans chaque matière. C’est là un travail considérable qui nécessite des heures de concertation. Certains jugent cette tâche harassante voire inutile. Dans les faits, cela permet d’adapter les exigences nationales aux élèves et de choisir les voies les mieux adaptées pour les amener vers ce que l’on attend d’eux à la fin de l’école obligatoire. 

Les compétences à acquérir par les professeurs intègrent des objectifs professionnels plus larges que la simple transmission des connaissances. On trouve dans certains référentiels des exigences qui pourraient paraître surprenantes pour l’école française : on attend du professeur qu’il soit une « personne complète », connaissant ses limites, assumant la responsabilité de ses sentiments, conscient de sa propre conception de la nature humaine et capable d’empathie. Bref une personne réelle, non pas une entité désincarnée n’existant que dans l’imaginaire administratif. La relation entre le professeur et l’élève est de ce fait une relation authentique, fondée sur l’aide et l’encouragement. La reconnaissance pleinement assumée de la dimension interpersonnelle de l’éducation constitue l’une des différences fondamentale entre le système français et finlandais.

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Are Finnish schools the best in the world?
They have no uniforms, no selection, no fee-paying and no league tables. Yet Finland's education system consistently tops global rankings. Richard Garner finds out what we can learn from them
The task is as hard as weeding out the brightest youngsters for places on Oxford and Cambridge Universities' most popular courses. There are 16 candidates for every vacancy and somehow the 2,000 applicants have to be whittled down to 120 by the time the course starts. We are not talking about law and medicine at Britain's most prestigious universities, though. This is Finland and the applicants are desperate for a job in what is the most sought-after profession in their country: teaching.
Finland is the country that has topped the international league table of the developed world's education systems for almost all of the past decade. And England's Education Secretary, Michael Gove, has been taking a close look at its policies to see if there is anything he can glean from them to improve standards over here. Finland's top-level ranking is based on its performance in the PISA (Programme for International Student Assessment) tests of 15-year-olds around the globe in reading, maths and science. It is published by the Organisation for Economic Co-operation and Development.
Professor Jari Lavonen, the head of the Department of Teacher Education at the University of Helsinki, is the man with the enviable task, in some eyes, of whittling down the pack. He is in no doubt as to how Finland has got to this position. "We decided all teachers should have a master's degree – putting teaching on an equal footing with law and medicine," he says. "Teacher education is therefore very attractive." Figures showed that the highest-flying youngsters then started flocking to the profession because of its new-found prestige.
The applicants are all given a book to read before being grilled on their understanding of it. Then the 300 top performers are interviewed before the remaining 120 are offered places. "We want to find out how suitable a person is for teaching," he says. "Last year, it was more difficult to come on to a primary-education programme than to go to medical school. The competition was more heavy."
Mr Gove has already said he would like to go down the Finnish path. A common theme among three of the top-performing nations – Singapore, South Korea and Finland – is that they all attract the best talent into the profession by setting high standards for recruitment. Mr Gove's answer to this is to limit entrance to the profession to those who have better than a third-class degree. He has come in for a fair amount of criticism here, with teachers' leaders arguing that it would prohibit people such as the Conservatives' own maths guru, Carol Vorderman, from entering the profession. The brightest people in their subject area may not always be the best communicators in the classroom, so the argument goes.
Professor Lavonen is wary of the idea that foreign governments can "cherry pick" parts of the Finnish education system and ignore the rest. There is, he argues, a second part of the equation: the introduction of a free compulsory education system for all, which goes hand in glove with the recruitment process to create a successful education system. It is illegal to charge fees in the Finnish education system, so even those schools that are run privately take their funding from the state. Its schools are comprehensive in that there is no selection of pupils.
They are less formal and more relaxed than schools in the UK. The man in jeans and an open-necked shirt who greets us at the Taivallahti comprehensive school in Helsinki (an all-in school for seven to 16-year-olds) turns out to be the principal, Hannu Kosonen. His pupils – in common with those in the rest of Finland – do not wear a uniform. Discipline appears good. No one is photographing the teacher to put her picture on YouTube.
The teachers are not beset by targets, in fear of inspections or how well their schools do in league tables. There are simply no league tables or inspections. "They are academics and well trained, so we trust them," says Professor Lavonen. "This is an important feeling: they don't need any inspection. Also, we don't have a system of national testing. The teachers are trusted to assess their own pupils." This is presumably because there is no pressure to tweak the results to do well in league tables.
Class sizes are smaller than in the UK. Mr Kosonen limits them to 20 in the first two years of schooling and the sixth and seventh year (12 and 13-year-olds). They are also mixed ability, with educators believing the teachers are well-enough trained to cope with a wider range of ability in their classes. If pupils fall behind, a second teacher can be sent in to help them to catch up.
Of course, it may help that Finland as a country does not have the vast gap in household incomes of the UK, and so social mobility is not such an issue over there. The gap is just beginning to widen, though, so it may be something it has to look out for.
Mr Kosonen also points to another feature of Finnish life for producing the country's brilliant reading results: the Government's decision to ban the dubbing of all foreign films and television shows. This means youngsters can watch shows such as Dalziel and Pascoe and Anne Robinson's The Weakest Link in all their English glory in their homes of an evening and get to grips better with the language.
A visit to last month's teachers' union conferences in the UK showed a flurry of concerns about headteachers "dropping in" to classrooms to check on their teachers' standards. Mr Kosonen does this, too, and has asked each member of his staff to come up with an idea for developing their teaching. He does not see himself as an inquisitor, though.
Nina Koskinen, a primary-class teacher at the school, says: "Teachers do like to get feedback on what they do, but it is totally different over here to the UK. One of the things here is that principals should be like coaches." She says of the English system of testing and inspection: "What would be the advantage of that? It really seems to be something that gives you pressure in terms of paperwork and all that."
The differences between Finland and the English system do not stop with compulsory schooling, though. After the age of 16, youngsters decide whether they opt for an academic or vocational schooling. There is also still a divide at university level between the academic universities and the polytechnics (as the government calls them) or the universities of applied science, as they style themselves. Oh, and there is the little matter that university tuition is still free for home and EU students. A UK youngster would not have to spend a penny on tuition fees in Finland. The country is experimenting with charges for overseas students but only a handful of universities are taking part in this pilot.
Thomas Wilhelmsson, the rector of Helsinki University, ranked in the world's top 100 universities, says: "The most that has been discussed is whether we should charge fees for overseas students. Free education is seen as a very central part of the Finnish welfare-state system. The British example is a scary example. If you take tuition fees [from students], you will withdraw some amount of basic funding for the system."
This is a very different system to England's, and it would be fair to point out Finland has to deal with a school population of just under 600,000, compared with the seven million in England and Wales. But Finland's schools and universities have been besieged by Germans, Chinese, Thais, Spaniards and Austrians desperate to find out the system's recipe for success. It remains to be seen how much of the Finnish education system we will seek to ape (teachers over here would love Mr Gove to adopt the whole package).
A passing thought occurs, though, as a documentary about how Finland coped with last winter's snow flashes on to the television screen. At one stage it was 80 centimetres deep, but the under-floor heated sidewalks and streets soon had it cleared. Ice-breakers made sure the runway at the airport was cleared after 30 minutes. Maybe we should send someone over to study that as well.
KEY FEATURES OF THE FINNISH EDUCATION SYSTEM
All teachers must have a master's degree before they start teaching.
Compulsory schooling starts at seven with voluntary play-based kindergarten for younger children.
No national testing, inspections or school league tables. The government looks at an 8 to 10 per cent sample of pupils' work to check on performance.
Pupils transfer to either an academic or a vocational school at the age of 16 after nine years of compulsory schooling.
No university fees for home or EU students. Pilot of fees for overseas students from outside the EU.

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