Monday 2 May 2011

A Sufi and a Killer est un trip permanent

http://www.lesinrocks.com/2010/04/08/musique/gonjasufi-musique-cosmique-1131986/

 Gonjasufi - A Sufi and a Killer

Mystique, mystérieux et enfumé, Gonjasufi entend déjà, dans le désert américain, la musique du futur. Et du passé. Et d’ailleurs. Fascinant.

L’homme éprouve régulièrement sa solitude universelle en envoyant des mots doux aux aliens de tous poils. Satellites bourrés de morceaux des Beatles, de classiques de la pop chinoise, de génomes complets ou d’encyclopédies globales : les extraterrestres ont déjà reçu, de la Terre, pas mal de bricoles. Dans le désert américain qui lui sert d’ermitage, d’autocuiseur de ciboulot et de tente de sudation, entre Las Vegas et Los Angeles, un Américain s’est lui aussi essayé à cette communication très externe. L’homme, Gonjasufi pour la scène ou Sumach Ecks pour les autorités, a eu plus de succès que la Nasa et l’agence spatiale chinoise réunies : ses messages, à lui, sont revenus. Dieu, ou les dieux, ou des êtres de l’au-delà, lui ont parlé, par des voies que l’on ignore encore : comme Sun Ra avant lui, le mystique aux dreads crasses et au visage marqué d’homme qui en sait trop, l’ex-pompiste pour avion devenu professeur de yoga a apparemment noué un contact avec des sphères auxquelles personne, habituellement, n’a accès. Il a appris à plier l’espace-temps. A relier le passé immémorial aux futurs indéfinis. A visiter, en omniprésence, chaque pan de l’histoire de la musique. Produit par son grand pote Flying Lotus, lui-même lié par le sang à l’autre visiteur des ailleurs John Coltrane, le premier album du bonhomme est l’un des objets les plus étonnants, les plus déroutants et les plus passionnants du début de l’année. Ou de l’année. Ou de l’ère, on ne sait plus très bien. A Sufi and a Killer est un trip permanent, au son acide comme un cauchemar éveillé, mais aux courbes douces comme un rêve sensuel. Il patchworke dans un désordre fascinant influences moyen-orientales et hip-hop abstrait, psychédélisme maboul et soul tordue, musiques indiennes et bandessons pour westerns-spaghettis, bouts de bidules et extraits de machins. Enfumé, dédaléen, d’une complexité ahurissante mais jamais inaccessible, textuellement illuminé, A Sufi and a Killer est plus qu’un grand disque : c’est une nouvelle galaxie, vierge et inédite. Ceux qui pestent contre la platitude de la musique moderne pourront s’y précipiter comme on se jette dans un inconnu absolu : dans l’oubli de soi, et avec délectation.

1 comment:

  1. G E N I A L le morceau musical, malgre les fantasmes intersideraux du personage.
    Tchota

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