Saturday, 2 July 2011

* Les mauvaises politiques et les parents principaux responsables de notre décadence

Le Défi

De nombreux cas de violence à l’égard des femmes ont été recensés ces derniers temps. En tant que sociologue Pavi Ramhota, quelles sont, selon vous, les raisons de telles violences ?
Les violences domestiques qui perdurent sont aussi appelées « abus domestiques », « violence familiale » ou «intimate partner violence». Il y a plusieurs explications à ces violences. Il faut d’abord souligner que ces types de violence touchent toutes les communautés et toutes les couches sociales. Il existe plusieurs raisons à ces violences : abus d’alcool, drogue, pauvreté, infidélité, frustrations diverses, niveau d’éducation, manque de compréhension mutuelle, absence de dialogue, violence verbale.

 Il semble de plus en plus que les enfants font les frais de  cette violence. Comment expliquez-vous cela ?
Il existe plusieurs cas de figure. Par exemple, certains parents se libèrent de leurs frustrations en tapant sur leurs enfants. N’oublions pas non plus que, dans beaucoup de cas, les enfants sont les victimes de leurs beaux-pères ou de leurs belles-mères, qui agissent sous l’influence de l’alcool ou de la drogue. Les raisons peuvent varier.

Certains parents exigent notamment que leurs enfants ramènent de l’argent à la maison, par n’importe quel moyen. Ou, inversement, que leurs enfants atteignent un niveau d’excellence à l’école. Et pour atteindre ce but, ils font usage de la force...

 Il existe aussi des mamans qui n’hésitent pas à monnayer les faveurs de leurs filles pour, soi-disant, faire bouillir la marmite. Cet argument tient-il la route ?
En effet, plusieurs cas sont rapportés concernant des mamans qui monnayent les charmes de leurs filles. Souvent, ces mamans sont forcées de le faire, non pas pour se nourrir ou pour nourrir la famille, mais plutôt pour satisfaire leurs besoins, notamment besoins de drogue ou d’alcool. Il y a aussi celles qui le font pour satisfaire leurs partenaires qui les menacent en permanence. À Maurice, je connais beaucoup de cas où des filles se font engrosser, mais elles ne rapportent pas les faits aux autorités concernées. Ces abus sont souvent tolérés par les mamans.

 Quel regard jetez-vous sur le nombre croissant d’attouchements et de relations sexuelles entre frères et sœurs ou même entre cousins mineurs ?
L’inceste est interdit dans notre société. Malgré cela, ce phénomène prend de l’ampleur dans notre petit pays. Une des raisons, à mon avis, c’est que la socialisation primaire n’est pas correctement faite. Les garçons et les filles sont élevés différemment, parfois dans des écoles préscolaires différentes. Il n’y a pas d’amour paternel ou maternel. C’est pourquoi je dis que la pauvreté émotionnelle se développe à vitesse grand ‘V’ à Maurice.

Il n’y a pas de valeurs et de normes transmises aux enfants par les parents, alors que ces derniers devraient enseigner à leurs enfants comment se comporter et avoir des interactions avec les frères, les sœurs ou les cousins. Un autre problème que nous constatons, c’est qu’il n’y a pas d’environnement propice et d’espace privé pour les enfants de différents sexes. Par exemple, des filles peuvent se doucher sous  le regard des garçons. Il y a alors une attirance sexuelle. Je pense que le manque d’espace privé dans une maison mène à l’inceste.

 Quel est le rôle de l’alcool dans tous ces drames ?
L’alcool tue les cellules humaines et celles-ci ne se régénèrent pas. Cela affecte donc le système nerveux. De ce fait, une discussion banale peut mener à la violence et souvent à ces crimes ou des suicides. L’alcool est devenu un mode de vie, tout comme les jeux à Maurice. Si quelqu’un ne consomme pas de boissons alcoolisées, il est perçu autrement. Une très grande importance est accordée aux boissons alcoolisées dans les fêtes.

Maintenant, il existe plusieurs marques, plusieurs types et plusieurs prix disponibles. Si vous êtes pauvre, vous consommerez des boissons alcoolisées qui ne coûtent pas cher, et qui contiennent un pourcentage d’alcool supérieur. Bien sûr, vous mourrez plus vite et vous vous battrez plus. L’alcool devient un gros problème chez nous.

 Il y a un paradoxe. Selon le rapport de TNT Analysis, les jeunes ont un bon comportement et possèdent des valeurs. Partagez-vous cet avis ?
Non. Je ne suis pas d’accord. Bien au contraire. Nous perdons des valeurs humaines. Premièrement, que signifie un bon comportement ? Cela ne veut certainement pas dire manquer de respect aux aînés, prendre de la drogue, sniffer de la colle, avoir des rapports sexuels à 12 ans, consommer de l’alcool et visionner des films inappropriés pour leur âge.

 De plus en plus de vols avec violence sont commis. Cela s’explique-t-il par la pauvreté ou notre société est-elle malade ?
En fait, notre société est vraiment malade à cause des mauvaises politiques. Sans compter, la prolifération des maisons de jeux, les salons de massage. Nous accordons trop d’importance à notre économie qui, à mon avis, n’est pas en si mauvaise posture après que nous avons copié les modèles de développement d’autres pays et imité d’autres cultures.

Nous devons nous attaquer aux problèmes sociaux très rapidement, mais avec précaution. Aujourd’hui, nos politiciens travaillent pour se faire réélire. Certaines personnes, occupant des positions importantes, ne le méritent pas. Notre société est sur le point d’exploser. Il faut se pencher sur les problèmes sociaux immédiatement.

 Pensez-vous qu’il y ait un relâchement des parents par rapport au comportement des enfants ?
Je pense que oui. Les parents sont responsables du mauvais comportement de leurs enfants. Et je n’hésiterai pas à dire que certains parents guident leurs enfants dans la mauvaise direction.

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