Nicholas Rainer |
Ces pauvres énergies renouvelables. Elles ont beau faire partie du «zeitgeist»,elles continuent de languir dans les limbes de l’indécision politique. La raison donnée est qu’elles sont trop dispendieuses. Notre cher Central Electricity Board (CEB) national n’a pas les moyens de s’offrir de l’énergie propre.
Mais la question qui mérite d’être posée est : trop chère par rapport à quoi ?
Eh oui, en l’absence de plus amples détails sur les contrats reliant l’Etat aux Independent Power Producers (IPP), il est quasiment impossible de mesurer la cherté des énergies renouvelables. On se retrouve donc dans une situation où on est supposé croire les autorités sur parole, ce qui n’est pas exactement propice à la probité.
Dans une interview accordée à «Osmose » en novembre de l’année dernière, Emil Unger d’Electrawinds, le plus grand producteur d’énergie verte en Belgique, avait confié que sa firme souhaitait mettre sur pied une ferme éolienne de 23MW couplée d’un générateur de biomasse de 18 MW. Cette technique innovatrice permettrait de compenser les aléas du vent avec la bagasse. Mais le plus étonnant dans ce projet, c’est le prix de l’électricité que générerait la ferme : environ Rs 5/kWh. Apparemment, c’était trop demander. «La réaction qu’on a eue,c’est que Rs 4 est un ‘feed-in tariff’ acceptable.
Le gouvernement n’a cependant pas encore publié de ‘feed-in tariff’ officiel», a expliqué Emil Unger.
Quand on se souvient qu’il était question, à un moment, que le prix de revient de l’électricité que produira (ou non) l’incinérateur de Gamma-Covanta s’élève à plus de Rs 5.30 et que le gouvernement a défendu ce projet bec et ongles (pas d’exercice d’appel d’offres), on est en droit de s’interroger sur les vrais critères utilisés par les autorités. Et, puisque les conditions liant l’Etat aux IPP font l’objet d’une sorte d’omerta institutionnalisée, on est tenté de penser que les décisions sur les «feed-in tariffs» sont prises de manière quelque peu arbitraire.
D’où l’importance d’un «feed-in tariff» officiel. Mais avant de nous aventurer en terrain inconnu, évaluons ce que nous savons déjà. L’électricité fabriquée par le CEB revient à environ Rs 3.57 par kWh.
De l’aveu d’Abu Kasenally au Parlement l’année dernière, l’électricité produite par les IPP est bien supérieure à Rs 3.57.
Pour sa part, le consultant danois retenu par le CEB pour élaborer un «grid code», Ea Energianalyse, avait chiffré le prix de rachat de l’électricité générée par les petits producteurs indépendants (moins de 50 kW) entre Rs 6 et Rs 20. Naturellement, l’énergie produite par de grands projets jouissant d’économies d’échelle serait significativement moins chère.
Il ne s’agit donc pas de clouer qui que ce soit au pilori, mais simplement de discréditer, une fois pour toutes, ce paradigme ô combien commode dictant que les énergies renouvelables sont trop chères pour être viables.
Au niveau international, cet argument commence déjà à s’étioler. L’édition de «The Guardian» d’hier a par exemple fait état d’un rapport surprenant publié récemment par
«Une des raisons pour lesquelles le secteur des énergies propres manque de fonds est que les investisseurs ‘mainstream’ pensent que les énergies renouvelables seront rentables seulement si elles jouissent d’une assistance gouvernementale directe. Mis à part le fait que l’énergie propre comporte bon nombre d’avantages, cette analyse démontre que les subventions directes pour les énergies fossiles sont dix fois supérieures à celles destinées aux énergies renouvelables », a expliqué le directeur général de
Ce qui nous ramène à notre petit pays bien-aimé. Si les autorités veulent vraiment nous convaincre que les énergies renouvelables sont ruineuses, elles n’ont qu’à rendre publics les contrats les liant aux IPP et établir un «feed-in tariff » uniforme. Il est possible que la réalité soit très différente de la version officielle qu’on veut nous faire gober…
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